Chanson douce, Leïla Slimani, Gallimard

20092016

C’est le deuxième roman de Leïla Slimani après le beau succès de son premier, Dans le jardin de l’ogre, paru il y a deux ans déjà chez Gallimard.

Dans Chanson douce, pas de surprise puisque nous savons dès la première ligne que l’histoire va être tragique. Pas de faux suspense, juste la remontée dans le temps pour essayer de comprendre comment on en est arrivé là.

Paul et Myriam et leurs deux jeunes enfants forment une famille parisienne sans souci, à la situation sociale plutôt confortable. Myriam veut reprendre son activité professionnelle après s’être arrêtée pour s’occuper des enfants. Exigeants, ils vont chercher la nounou idéale, celle qui saura répondre à tous leurs critères d’éducation, et aussi à certains de leurs préjugés de classe.

C’est Louise qui est choisie et qui confirme qu’elle était bien celle qu’ils devaient choisir tant la relation qu’elle crée avec les enfants est de qualité. Elle sait se rendre rapidement indispensable aux enfants et progressivement aux parents qui en font une employée de maison modèle dont ils peuvent se flatter. Tellement indispensable qu’elle semble devenir le réel pilier de la vie familiale, prenant des initiatives, toujours judicieuses, devançant les désirs de chacun.

Progressivement elle prend l’emprise sur cette petite famille, une emprise matérielle mais aussi affective. Alors il y a des alertes devant certains comportements, mais le confort reprend vite le dessus. Alors il y a des avertissements, mais  la relation affective nouée empêche d’aller au bout.

Comme lecteur, on sent bien que la relation devient incontrôlable et qu’il faudrait agir. Mais faire quoi ? Elle est tellement parfaite !

Leïla Slimani grâce à la simplicité de son écriture nous emmène avec succès dans ce drame un peu « chabrolien » accompagné de la voix de Henri Salvador en BO, parce que la « Chanson douce », entêtante, vous berce, vous enivre comme Louise qui a su ôter tout réflexe de défense à cette famille. Ayez confiaaaance…

 




Police, Hugo Boris, Grasset

20092016

Dans ce nouveau roman paru chez Grasset, PoliceHugo Boris nous plonge dans le quotidien d’une équipe de flics, des flics ordinaires, ceux dont on ne parle pas et qui sont chargés des missions habituelles remplies par la police.

Ce jour-là, nous suivons une équipe composée d’Aristide, Erik et Virginie qui sont chargés d’une mission inhabituelle pour eux : la reconduite d’un étranger à la frontière.

La quasi totalité de ce court roman (200 pages) se déroule dans la voiture de police, dans une sorte de huis-clos de plus en plus lourd entre les policiers et le réfugié tadjik qu’ils doivent renvoyer dans son pays.

La mission que rien ne semblait distinguer des autres réalisées dans la journée s’est considérablement compliquée depuis que Viriginie a ouvert l’enveloppe résumant la situation de l’homme qu’ils doivent raccompagner à l’aéroport et qu’elle y a lu qu’il semble réellement risquer la mort s’il remet un pied dans son pays.

Mais ils sont flics et ils doivent remplir leur mission.  Et ils sont aussi des humains doués d’empathie. Et de questionnements en prises de bec, aucun des trois membres ne peut plus considérer qu’ils ne font que remplir une mission banale. D’autant plus que le Tadjik ne parle pas un mot de français et qu’il n’est donc pas un sujet dans ce huis-clos, juste un sujet de discussion.

Je ne crois pas qu’il y ait de leçons données aux uns et aux autres dans ce livre, ni pour ceux qui dénonceraient la défaillance d’un État incapable de s’occuper de réfugiés dans notre pays, ni pour ceux qui voudraient à tout prix que force reste à la loi, toujours, sans se soucier jamais des situations individuelles. Non, juste un roman pour essayer de comprendre la situation de ceux qui sont confrontés à ces politiques et qui les mettent en œuvre ou les subissent. Sans les juger. Juste quelques pages pour nous aider à nous interroger : et moi, je ferais quoi ?




L’archipel d’une autre vie, Andréï Makine, Seuil

12092016

makine

Retour en terre natale pour Andréï Makine puisque L’archipel d’une autre vie vers lequel nous nous dirigeons tout au long de son roman, paru aux éditions du Seuil, nous emmène dans la taïga sibérienne pour une chasse à l’homme qui se terminera sur les rivages du Pacifique.

Cette chasse à l’homme se déroule en 1952, donc pendant les dernières années de la Russie soviétique de Staline, dans un camp de dissidents, ou d’enfants de dissidents, au régime de Moscou.

Nous ne savons pas qui est poursuivi, les différents membres du groupe de cinq poursuivants non plus, et comme eux le lecteur observe la proie de plus ou moins loin. Une proie rusée (fourbe ?!), intelligente (maléfique ?!) qui ne distance pas ses poursuivants, semblant parfois vouloir garder le contact, à tel point qu’on n’est plus sûr de savoir qui surveille qui, ni de savoir qui est le poursuivant et le poursuivi.

La taïga est un lieu dangereux quand on n’en connaît pas les risques, et Pavel le personnage principal, comme les autres membres du groupe, semble bien peu à l’aise dans cet environnement, et il va comprendre que leur chasse sera moins facile que prévu.

D’autant plus que la découverte de l’identité de la proie et la difficulté de l’attraper les ramènent encore davantage vers une rage de plus en plus bestiale devant la peur d’échouer dans cette mission et la peur des réactions des commissaires politiques.

Alors faut-il continuer, complice de ce système dans lequel ils ne sont que des pantins, ou doit-on prendre le risque de la liberté et d’une autre vie ?

Réponse en arrivant dans l’archipel des Chantars…




Tropique de la violence, Natacha Appanah, Gallimard

8092016

Dans Tropique de la violence, le roman court mais très dense que nous propose Natacha Appanah, nous voilà partis à Mayotte, le dernier des départements français perdus dans l’Océan Indien.

Moïse le personnage principal est un des nombreux enfants abandonnés, abandonné parce qu’il a les yeux vairons, signe maléfique, dans une île débordée par l’arrivée massive de clandestins, venus des autres îles toutes proches des Comores pour tenter leur chance dans ce petit bout de France, mais vraisemblablement renvoyés dans leur pays.

Moïse a eu la chance d’être accueilli par Marie, une infirmière qui l’élève avec tout l’amour que peut donner une femme qui attendait un enfant.

Et puis vient l’adolescence avec son lot de questionnements sur l’identité pour Moïse, et c’est le basculement dans la violence d’une société peuplée d’enfants abandonnés et/ou désoeuvrés ayant perdu tout espoir, mais une société au début synonyme d’émancipation pour ce jeune garçon qui voit des héros quand ils croisent des petits caïds, qui croit à la liberté quand il tombe dans l’errance dont il s’échappe en lisant L’Enfant et la rivière de Bosco.

Un roman très « cru », souvent rude qui ne nous épargne rien de la misère de Mayotte, de sa misère mais aussi de sa beauté brute, brutale. Et c’est la réussite de ce livre que de nous montrer l’humanité de ces personnages et leur lumière dans un monde qu’on peut croire sans espoir.

Une belle découverte pour moi d’une auteure que je n’avais jamais lue qui publie ici son sixième roman dans la collection blanche de Gallimard.




Rencontre avec Jérémy FEL

13022016

Samedi 27 février à 11 heures, dans le cadre des nouvelles Itinérances de Libraires du Sud, nous recevrons Jérémy FEL pour discuter avec lui de son premier roman publié aux éditions Rivages, Les loups à leur porte.

Un roman noir, un « premier roman brillant en forme de fiction-puzzle » comme dit Télérama, en tout cas un roman que vous ne lâcherez pas jusqu’à la fin.

Réservez donc votre fin de matinée, pas sûr que pour son prochain livre il puisse de nouveau passer par Tarascon !




L’ascendant, Alexandre Postel, NRF Gallimard

11052015

Jeune auteur d’une trentaine d’années, Alexandre Postel avait obtenu le Goncourt du Premier roman en 2013. Il revient dasn l’actualité littéraire avec un autre livre, très court, avec le même ton qui m’avait déjà agréablement surpris dans Un homme effacé (paru en Folio il y a quelques semaines).

Un jeune homme doit aller s’occuper des démarches à la suite du décès de son père avec qui il n’entretenait plus vraiment de relations depuis des années. Sauf qu’en se rendant dans la maison que son « ascendant » occupait jusqu’à sa mort, et qu’il a lui-même habité bien des années auparavant, il va faire une découverte, dont il ne sait ni quoi faire, ni quoi penser. Une découverte en tout cas qui d’hésitations en faux-pas, l’entraine dans une situation extrêmement… problématique.

Difficile de vous en raconter plus sur cette découverte sans gâcher une partie de l’intérêt du livre.

Le style très sec de l’écriture, l’apparente banalité de la situation, la platitude des sentiments du héros dont on ignore presque tout, jusqu’à son nom, sinon qu’il est vendeur de téléphones portables, tous ces éléments nous placent dans une situation dérangeante, nous mettent un peu mal à l’aise devant l’impuissance du héros à se démener dans ce traquenard.

En tout cas nous donnent envie de finir ce livre.

 




Fête de la librairie indépendante

25042015

Ce samedi 25 avril, à l’occasion de la journée du livre et du droit d’auteur, votre librairie fait partie des480 librairies indépendants de France et de Belgique qui reprennent la tradition catalane de la San Jordi : nous vous offrons ce jour-là une rose et un livre emblématique de leur métier : « Une année dessinée, faits et gestes de la librairie ».

Cette année, le livre offert (près de 400 pages !) préparé par l’association Verbes met à l’honneur le dessin de presse, à travers une sélection des plus grands noms du genre faite par Frédéric Pajak,dessinateur et directeur de la collection Les Cahiers dessinés aux éditions Buchet-Chastel.




Des bandes dessinées

9042015

Une fois n’est pas coutume, des bandes dessinées à vous conseiller.

Sur la mémoire d’abord.

Avec L’Algérie c’est beau comme l’Amérique paru aux éditions Steinkis, Olivia Burton et Mahi Grand nous content le voyage d’une fille de Français rapatriés d’Algérie qui part à la découverte de ce pays de cocagne dont on lui a tant parlé. Elle part rechercher les traces des souvenirs que sa grand-mère lui a laissés sur un carnet. Elle ne les retrouvera pas forcément mais elle nous emmène dans un pays plein de contradictions mais beaux comme l’Amérique.

Avec Le Fantôme arménien chez Futuropolis, c’est un reportage crayonné de Laure Marchand et Guillaume Perrier mis en dessin par Thomas Azuélos qui nous emmène en Turquie sur les traces du génocide arménien. Les traces ont quasi disparu à force d’avoir voulu les effacer, mais elles subsistent encore dans le murs d’une maison ou les souvenirs de famille. Un bel album pour le centenaire du premier génocide du siècle dernier.

Sur le comportement humain ensuite.

Dans Le reste du monde, paru chez Casterman, Jean-Christophe Chauzy imagine une situation au départ bien banale, dans un petit village de France, qui le devient beaucoup moins suite à une catastrophe naturelle ; une mère essaie de permettre à ses enfants de survivre. À quel prix ?

Julien Blanc-Gras adapte en bande dessinée avec Mademoiselle Caroline aux éditions Delcourt son livre Le Touriste qui nous baladait avec lui à travers le monde. Des petits récits de voyage, courts, parfois trop courts, mais souvent avec humour, et toujours avec un sens de l’observation aiguisé.

 




Craig Johnson à Tarascon

16022015

Un bel événement ce 13 février à la librairie grâce à l’association Libraires du Sud  et la collaboration des éditions Gallmeister : Craig Johnson (himself !) nous a rendu visite pour une rencontre avec ses lecteurs. Santiag, jean, chemise à carreaux et stetson vissé sur la tête, avec sa carrure imposante il nous rappelle forcément l’image de Walt Longmire, le shérif du Wyoming de ses romans.

Évidemment il a été question du dernier opus publié en France des enquêtes (ou de la quête ?…) de Walter Longmire, Tous les démons sont ici,  mais pas seulement. Grâce au questionnement de Didier, le nombreux auditoire présent a pu comprendre ce qui fait de ses polars des romans un peu particuliers : une plus grande attention aux gens et à leur vie. Il nous explique ainsi que dans la ville où il habite, ils sont 25, et que le Wyoming est grand comme la moitié de la France, et qu’il n’y vit que 500000 habitants ; une vie y a peut-être une valeur particulière bien supérieure que dans une mégapole de 10 millions d’habitants. D’ailleurs quand il est allé rencontrer des shérifs pour se faire une idée de ce métier, ce qui est revenu le plus souvent dans la bouche de ces policiers c’est l’expression »my people », mes gens, ceux pour qui ils sont désignés.

Une plus grande attention à la vie des gens mais aussi des influences littéraires nombreuses et très diverses qui ont façonné cet écrivain arrivé sur le tard à l’écriture : les grands noms américains bien sûr, mais aussi la littérature européenne, russe, de Dumas à Dickens en passant par Tolstoï et Dostoëvski, et aussi l’influence de celui dont il était très proche, Tony Hillerman à propos duquel il nous a raconté une anecdote que ceux qui l’ont entendue ne sont pas prêts d’oublier.

Des romans enfin dans lesquels il n’oublie pas les peuples indiens (Crows et Cheyennes) à côté desquels il vit : « parce que nous ne sommes là que depuis quelques centaines d’années et eux depuis des millénaires, ils ont sûrement des choses à nous apprendre. »

Avec humour et simplicité en sus, quoi demander d’autre ?

Une autre rencontre !!!!

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J – 1 : Craig Johnson à la librairie vendredi 13 à 18h30

11022015

Il vient du Wyoming pour visiter la librairie dont il a entendu parler sur le New York Times, ce vendredi à 18 heures 30.

Alors pour lui rendre la politesse et aussi parce que nous aimons ce qu’il écrit, nous serons très heureux de discuter avec Craig Johnson, et avec vous, de son dernier livre paru chez Gallmeister Tous les démons sont ici.

Le dernier livre des aventures de Walter Longmire ressemble davantage à une folle chasse à l’homme  qu’à une véritable enquête. Chargé avec son adjoint basque au nom presque imprononçable, de livrer aux autorités voisines une cargaison de truands dont un sociopathe particulièrement dangereux, leur mission va se voir déjouer par des complices infiltrés dans l’équipe chargée de les accompagner.
Il s’en suit une poursuite effrénée du shérif pour tenter de rattraper ce type jusqu’à des sommets montagneux où la raison dicterait aux hommes raisonnables de ne pas s’aventurer ; surtout quand une tempête est annoncée. Mais Walt Longmire n’est pas un homme ordinaire et je soupçonnerais même Craig Johnson de comparer son héros à un surhomme nietzschéen qui de plus n’écoute pas les avis de ses collègues et amis.
Et heureusement que ce shérif a des amis et même un dont il ne soupçonne plus l’existence. C’est une vieille connaissance indienne qui a disparu des environs depuis un moment et qui va l’aider dans sa quête éperdue. Mais cet ami a un comportement étrange et au bout d’un moment, Walt ne sait plus très bien dans quel monde il évolue. Par le truchement de ce personnage haut en couleurs (c’est le moins que l’on puisse dire) et en caractère, Craig Johnson nous emmène dans une poursuite où la raison va souvent vaciller, les rochers offrir des visions pas toujours claires  ou rassurantes, la tempête brouiller les esprits ; mais atteindre les sommets n’est pas chose facile et se délivrer des ses démons demande de s’ouvrir à la pensée complexe. Tout un cheminement. A vous de le parcourir.






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